Sous la direction de Bernard Nordlinger et Cédric Villani


CNRS Éditions

site web : www.cnrseditions.fr

Octobre 2018
416 pages


Tarif indicatif de 25 €


Qu’on le veuille ou non, l’intelligence artificielle (IA) envahit notre vie de tous les jours. En réalité il ne s’agit pas d’intelligence, mais plutôt d’algorithmes et de robots. En médecine, l’IA rend déjà quotidiennement des services extraordinaires, ne serait-ce qu’en imagerie médicale qui dévoile le moindre détail de notre corps sans processus invasif, à l’aide de scanners ou d’IRM. On sait construire des modèles épidémiologiques, faire des prédictions sur la réponse au traitement, aider le diagnostic, traiter les Big data pour mettre au jour des messages cryptés invisibles, noyés dans un océan de données.

Ce livre est un ouvrage collectif qui fait le point sur les perspectives de l’IA en santé. Fruit de la réflexion d’un groupe créé par les Académies de médecine et des sciences, il est écrit sous l’égide du mathématicien Cédric Villani et du chirurgien cancérologue Bernard Nordlinger. Comme le soulignent les coordonnateurs, l’IA excelle à digérer des monceaux de littérature, à dénicher des corrélations rares, à analyser les images ou les modèles que produisent la médecine. L’ouvrage s’efforce de faire le tour des principaux sujets de médecine pouvant impliquer l’IA. Il a fait pour cela appel à des mathématiciens, des modélisateurs, des analystes, des médecins, des chirurgiens, des cancérologues, des généticiens, des sociologues, des administrateurs d’hôpitaux, des juristes…


Émerge le concept selon lequel l’IA ne doit pas faire peur mais constitue un puissant outil au service du médecin « augmenté », mieux outillé pour analyser, décider, guérir, prévenir. Aujourd’hui, outre la radiologie, c’est l’anatomie pathologique qui en profite le plus en permettant la création de lames virtuelles analysées à distance, sans microscope. On peut également citer le traitement des données informatiques générées par le séquençage de l’ADN, qu’il s’agisse du génome humain ou du microbiote. L’ouvrage décline tous les champs d’application en santé de l’IA : les bases de données si importantes en pratique hospitalière, notamment les suivis de cohortes, l’exploitation des données de santé de la Sécurité sociale ou des hôpitaux ; l’apprentissage automatique ; l’analyse des données massives ; l’appariement des cohortes à des bases de données médico-administratives. Sans oublier l’aide au diagnostic et au traitement afin que le praticien fasse les meilleurs choix. Qu’on se rassure, le robot ne remplacera pas le médecin, même si certains prétendent dans une vision marketing qu’il existerait des robots « sociaux et affectifs ». Les soignants garderont leur libre arbitre et leur empathie pour les patients.

Viennent enfin des chapitres sur les applications à la recherche en biologie, notamment en génétique, en oncologie, en pharmacologie… On n’oublie pas les aspects juridiques sur la protection des données personnelles et les conditions juridiques d’accès au traitement des données, de même que l’impact de l’IA sur l’évolution des métiers de santé et l’organisation des hôpitaux et des réseaux de santé. Vous le comprenez, les applications potentielles de l’IA dans le domaine de la santé sont immenses, à l’aune des progrès fulgurants des puissances de calcul.

P.B.