par D. TRYSTRAM, H. CHARDON, Y. PÉAN, J.-M. DELARBRE, Y. COSTA, S. MAUGAT, B. COIGNARD, V. JARLIER

 

invs 2Texte paru dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 13 novembre 2012 / N° 42-43.
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Résumé

La France participe depuis 2001 à la surveillance européenne de la résistance aux antibiotiques de Staphylococcus aureus, Escherichia coli et Klebsiella pneumoniae dans les bactériémies (European Antimicrobial Resistance Surveillance System, EARSS) à travers plusieurs réseaux de laboratoires fédérés dans l’Observatoire national de l’épidémiologie de la résistance bactérienne aux antibiotiques (Onerba).

La proportion de souches résistantes à la méticilline chez S. aureus (Sarm) a diminué de 2001 à 2010 (33,2 à 21,5 %). Cette diminution s’est produite aussi bien pour les bactériémies diagnostiquées pendant les 2 premiers jours après l’admission (25 à 17 %) que dans les bactériémies tardives pendant la 2e semaine (34 à 25 %), 3e semaine (45 à 27 %) ou plus tard (53 à 36 %).

La proportion de souches résistantes aux céphalosporines de 3e génération (C3G) chez E. coli est restée stable de 2002 à 2005 (environ 2 %) mais a augmenté depuis (8,6 % en 2010), 2/3 de ces souches ayant été détectées productrices de β-lactamases à spectre étendu (BLSE). L’augmentation a été plus forte dans les bactériémies tardives : 2 à 7 % pendant les 2 premiers jours après l’admission mais 2 à 13 % pendant la 3e semaine et 4 à 15 % au-delà. En 2010, la proportion de souches résistantes était la plus élevée en réanimation (13,2 %) et la plus faible en gynécologie-obstétrique (1,5 %).

La proportion de souches résistantes aux C3G chez K. pneumoniae a augmenté de 2005 à 2010 (4,9 % à 19,3 %), 3/4 de ces souches ayant été détectées productrices de BLSE. L’augmentation a été plus forte dans les bactériémies tardives : 3 à 13 % pendant les 2 premiers jours mais 4 à 28 % pendant la 3e semaine et 13 à 33 % au-delà. Les proportions de résistance aux C3G étaient particulièrement élevées en réanimation (38 %) en 2010.

Les résultats de l’EARSS montrent que la France i) fait partie du petit nombre de pays où la proportion de Sarm chez S. aureus a nettement diminué ces dernières années, ii) occupait en 2010 une situation médiane pour la résistance de E. coli aux C3G, cependant moins favorable qu’elle ne l’était en 2008 en raison d’une augmentation plus forte que dans les pays scandinaves et iii) était dans une situation défavorable pour la résistance de K. pneumoniae aux C3G puisqu’elle est passée du 5e au 15e rang en Europe entre 2005 et 2010. Ceci suggère un contrôle insuffisant de la diffusion de ce type de résistance (majoritairement lié aux BLSE) chez ces deux espèces.

Mots-clés

bactéries multirésistantes, Sarm, BLSE, E. coli, K. pneumoniae.



Feuillets de Biologie n° 317, Mars 2014.