par J. PILLONEL (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), A. DUQUESNOY, B. DANIC, A. SANTOS, C. MARTINAUD, G. WOIMANT, S. LAPERCHE, P. TIBERGHIEN, M. JAUFFRET-ROUSTIDE, pour le comité de pilotage de l’étude

 

invs 2

Texte paru dans le Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 28 novembre 2017 / n° 29-30 et consultable sur http://invs.santepubliquefrance.fr

Lire l'article

 

Résumé

Contexte – En France, les informations recueillies lors des consultations post-don montrent qu’une majorité de donneurs de sang infectés par le VIH auraient dû être ajournés, car ne répondant pas aux critères de sélection.
Afin de maintenir un niveau de sécurité transfusionnelle optimal, il était important de mieux comprendre les raisons pour lesquelles l’étape de sélection n’avait pas permis d’écarter ces donneurs, notamment les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH).
Matériel et méthodes – Des entretiens individuels semi-directifs ont été réalisés avec 32 donneurs de sang trouvés VIH positifs entremi-2011 et 2014, dans l’objectif de recueillir des informations sur leur expérience et leurs motivations pour le don du sang, leur compréhension des critères de sélection, leur gestion du risque sexuel et leur opinion sur le processus de sélection des donneurs. Les entretiens ont été analysés dans une logique inductive.
Résultats – Plus de 50 % (17/32) des participants à l’étude n’étaient pas compliants aux critères de sélection des donneurs de sang. Parmi les principales raisons de non-déclaration des facteurs de risque dans le questionnaire ou lors de l’entretien pré-don figuraient la crainte de la stigmatisation, la surveillance du statut VIH, l’attachement symbolique au don de sang et le contexte du don (confidentialité, type de collecte…). Par ailleurs, l’évaluation des comportements sexuels à risque n’était pas toujours bien appréhendée par les donneurs eux-mêmes. Enfin, la notion de « fenêtre silencieuse » et les arguments épidémiologiques sur lesquels se basent les critères de sélection des donneurs étaient mal compris. La majorité des participants à l’étude étaient opposés à l’ajournement permanent des HSH.
Conclusion – Cette étude a montré la nécessité d’une meilleure communication sur la fenêtre silencieuse et sur les fondements épidémiologiques sur lesquels reposent les critères de sélection des donneurs de sang pour améliorer leur compliance. Ces résultats ont déjà permis l’amélioration du questionnaire pré-don, dans le contexte de la révision des critères de sélection des donneurs intervenue en 2016.

Mots-clés

VIH, donneurs de sang, non-compliance, critères de sélection, enquête qualitative.


Revue de Biologie Médicale n°346 - Janvier 2019.