L'absence d'analyse contextuelle exhaustive a longtemps été perçue comme un obstacle majeur pour les responsables des pays de l’UE chargés des politiques de la santé. Pour combler ce manque de connaissances, la Commission vient de terminer, fin 2017, le premier cycle de deux ans de l'état de la santé dans l'UE.

Cette initiative de la Commission européenne fournit aux responsables politiques, aux groupes d’intérêt et aux professionnels de la santé des données factuelles et comparatives sur la santé et les systèmes de santé dans les pays de l’UE. Le cycle est mis en place en collaboration avec l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et l’Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé.

Ce cycle de deux ans se compose de quatre grandes étapes :
• le Panorama de la santé : Europe, élaboré par l’OCDE, sert de point de départ horizontal (dernière version : novembre 2016) ;

• les 28 profils de santé par pays, élaborés en collaboration avec l'OCDE et l'Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé, adaptés au contexte et aux spécificités de chaque pays de l’UE, évaluent les points forts et les défis de leur système de santé respectif ;

• un rapport d’accompagnement, publié en même temps que les profils de santé par pays, tire des conclusions transversales, établit des liens entre les priorités politiques des différents pays et examine les possibilités d’apprentissage mutuel ;

• au terme des deux ans, les autorités sanitaires des pays de l’UE peuvent demander des échanges volontaires avec les experts ayant élaboré l'état de la santé dans l’UE, afin d’examiner les résultats et les éventuelles mesures à prendre.

La Commission a publié, en novembre 2017, les profils de santé de chacun des 28 états membres ainsi que son rapport d'accompagnement. Ces rapports fournissent une analyse approfondie des systèmes de santé des états membres de l'Union où sont analysés l'état de santé de la population et les facteurs de risque importants, ainsi que l'efficacité, l'accessibilité et la résilience des systèmes de santé dans chaque état. Ces rapports font clairement apparaître des objectifs communs à tous les états membres et indiquent les domaines dans lesquels la Commission pourrait encourager l'apprentissage mutuel et l'échange de bonnes pratiques.

Vytenis Andriukaitis, commissaire pour la santé et la sécurité alimentaire, a déclaré à ce propos : « Seulement 3 % de nos budgets de santé sont consacrés à la prévention, contre 80 % consacrés au traitement des maladies ; ce n'est tout simplement pas suffisant. Nous avons besoin d'un meilleur accès aux soins primaires, afin que les salles d'urgence ne soient pas le premier point de chute. Nous devons également intégrer la promotion de la santé et la prévention des maladies dans tous les domaines d'action afin d'améliorer la santé publique et de réduire la pression sur les systèmes de santé. Ce ne sont là que quelques-uns des diagnostics posés dans le rapport de 2017 sur l'état de la santé dans l'UE. En leur offrant des données et des informations exhaustives, nous entendons aider les autorités nationales de santé à relever les défis et à faire les bons choix en matière de stratégies et d'investissements. J'espère qu'elles en feront bon usage. »

Cinq conclusions transversales sont mises en exergue dans le rapport d'accompagnement :
• La promotion de la santé et la prévention des maladies ouvrent la voie à un système de santé plus efficace et plus efficient. Outre ce déséquilibre constaté au niveau des investissements dans la prévention, il convient de remédier aux inégalités sociales dont témoignent les disparités en matière de dépistage du cancer ou d'activité physique selon que la personne a un revenu et un niveau d'éducation élevés ou faibles.

• Un système de soins de santé primaires solide permet d'orienter le patient à travers le système de santé et d'éviter des dépenses inutiles. Vingt-sept % des patients consultent un service d'urgence, en raison de l'insuffisance des soins primaires. Seuls 14 pays de l'UE exigent que le patient soit orienté vers un médecin spécialisé par un service de soins primaires ; neuf autres pays recourent à des incitations financières pour encourager l'orientation médicale.

• L'intégration des soins offre au patient la garantie qu'il recevra les soins de manière coordonnée. Elle permet d'éviter la situation que nous observons dans presque tous les pays de l'UE, où les soins sont fragmentés et les patients doivent trouver leur chemin dans le dédale des structures de soins.

• La planification et la prévision proactives des besoins en personnel de santé permettent aux systèmes de santé de s'adapter aux changements. L'UE compte 18 millions de professionnels de santé, auxquels s'ajouteront 1,8 million de postes d'ici à 2025. Les autorités responsables en matière de santé doivent préparer leur personnel en vue des changements qui se profilent : le vieillissement de la population et la morbidité multiple, ainsi que la nécessité de politiques de recrutement bien conçues, de nouvelles compétences et d'innovations techniques.

• La transformation numérique du secteur de la santé et des soins permet de capter en situation réelle des résultats et des expériences intéressant le patient et recèle un fort potentiel pour ce qui est de renforcer l'efficacité des systèmes de santé.

Une fois que ces rapports auront été présentés aux ministères de la santé de tous les pays de l'UE, les autorités nationales pourront les examiner plus en profondeur avec les experts de l'OCDE et de l'Observatoire européen des systèmes et des politiques de santé. Les échanges volontaires pourront avoir lieu dès le début de l'année 2018 et aideront les ministères à mieux comprendre les principaux défis et à définir les réponses stratégiques qui s'imposent.


Issu du communiqué de presse publié le 23 novembre 2017 sur le site internet officiel de la commission européenne.